L’un des motifs humains les mieux étudiés est notre besoin d’appartenance. (Lavigne, Vallerand, Crevier-Braud, 2011) Le sentiment d’appartenance peut être défini comme » un besoin universel de former et de maintenir des relations interpersonnelles positives et stables » (Lavigne et al., 2011) On peut trouver un appui à cette hypothèse dans le recensement canadien de 2006, où il a été signalé que 90 % de la population comptait au moins deux personnes par ménage. La théorie de l’autodétermination affirme que pour fonctionner de manière optimale, il existe au cœur de notre existence un besoin psychologique fondamental d’entrer en relation avec une autre personne et de s’en occuper. (Lavigne et al., 2011) Ce besoin d’appartenance est si profondément ancré dans notre psyché que toute menace de rejet évoque des réactions similaires à celles de la douleur physique. (Laslocky, 2013)
Selon les chercheurs Baumeister &Leary (1995), ce besoin d’appartenance trouve ses racines dans l’évolution. Pour que nos ancêtres puissent se reproduire et survivre, il était essentiel qu’ils établissent des liens sociaux. (Baumeister & Leary, p. 499, 1995) Ainsi, du point de vue de la sélection évolutive, nous possédons maintenant des mécanismes internes qui orientent les êtres humains vers des relations et des liens sociaux durables. (Baumeister & Leary, p. 499, 1995) Notre besoin d’être connecté et d’établir des liens sains est aussi essentiel à notre bien-être émotionnel et physique que la nourriture et la sécurité. (Barnes, Carvallo, Brown & Osterman, p. 1149, 2010)
Lorsque nous vivons des conflits interpersonnels, nous envisageons souvent de nous éloigner plutôt que de tenir le coup, cependant, trouver une relation avec une profondeur similaire n’est pas une tâche facile. (Barnes, et al., p. 1148, 2010) Si nous mettions toujours fin à chaque relation en pensant que nous pouvons échanger l’ancienne pour une relation plus positive, nous nous retrouverions dans un état constant de recherche sans jamais faire l’expérience, ce qui serait en conflit avec notre besoin fondamental d’appartenance. (Barnes, et al., p. 1148, 2010)
Ceci explique pourquoi tant d’individus sont aptes à s’accrocher à des relations destructrices. Le fait que certaines personnes affichent une réticence à quitter un partenaire abusif traduit la force et la puissance de notre besoin d’appartenance. (Baumeister & Leary, p. 503, 1995) Toute menace aux attachements sociaux peut souvent conduire à l’anxiété, la dépression, la jalousie et la solitude. (Baumeister & Leary, p. 506, 1995) Les individus se sentiront anxieux à l’idée de perdre une relation importante, ils peuvent se sentir déprimés lorsque le lien prend fin, puis se sentir seuls parce qu’ils n’ont plus cette relation importante. (Baumeister & Leary, p. 506, 1995) La mort d’un être cher en est un exemple. (Baumeister & Leary, p. 506, 1995) Certains chercheurs ont conceptualisé le deuil non pas comme une réaction à la mort, mais comme la rupture du lien avec un autre individu. (Baumeister & Leary, p. 507, 1995) On peut trouver une explication à cela dans les recherches qui ont décrit les sentiments de chagrin d’amour comme étant similaires à ceux de la douleur physique. Cette douleur est causée par le déclenchement hormonal du système d’activation sympathique (région où le stress de vol ou de fuite a lieu) et du système nerveux parasympathique. (Laslocky, 2013)
Bien que ce besoin d’appartenance existe en chacun de nous, il est impératif de ne jamais perdre notre sentiment d’individualité et de bien-être. Si nous nous trouvons dans des relations, que ce soit avec un ami, un petit ami, une petite amie ou un conjoint, qui semblent toxiques et destructrices, nous devons passer à autre chose. Cela peut sembler littéralement douloureux, mais nous serons plus forts et plus sages en conséquence.
Barnes, C. D., Carvallo, M., Brown, R. P., & Osterman, L. (2010). Forgiveness And The Need To Belong. Personality and Social Psychology Bulletin, 36(9), 1148-1160.
Baumeister, R. F., & Leary, M. R. (1995). Le besoin d’appartenir : Desire For Interpersonal Attachments As A Fundamental Human Motivation..Psychological Bulletin, 117(3), 497-529.
Laslocky, M. (n.d.). Greater Good. C’est votre cerveau sur le chagrin d’amour. Consulté le 11 avril 2014 sur http://greatergood.berkeley.edu/article/ite
Lavigne, G. L., Vallerand, R. J., & Crevier-Braud, L. (2011). Le besoin fondamental d’appartenance : Sur la distinction entre les orientations de croissance et de réduction des déficits. Bulletin de psychologie sociale et de la personnalité, 37(9), 1185-1201.