Influence de la Révolution française

L’Europe a été secouée par deux décennies de guerre tournant autour des efforts de la France pour répandre ses idéaux révolutionnaires, et l’opposition de la royauté réactionnaire, dirigée par la Grande-Bretagne. Napoléon est finalement vaincu et les réactionnaires prennent le pouvoir en France. Même ainsi, il y avait beaucoup de résultats profonds en termes d’idées et d’institutions politiques.

Émigration françaiseEdit

Article principal : Émigration française (1789-1815)

Pour échapper aux tensions politiques et sauver leur vie, un certain nombre d’individus, principalement des hommes, émigrent de France. Beaucoup s’installent dans les pays voisins (principalement la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Autriche et la Prusse), et un certain nombre se rendent aux États-Unis. La présence de ces milliers de Français d’origines socio-économiques diverses, qui venaient de fuir un foyer d’activité révolutionnaire, posait un problème aux nations qui leur donnaient asile. La crainte était qu’ils apportent avec eux un complot visant à perturber l’ordre politique, ce qui a conduit à une réglementation et une documentation accrues de l’afflux d’immigrants dans les pays voisins. Pourtant, la plupart des nations comme la Grande-Bretagne sont restées magnanimes et ont accueilli les Français.

Conquêtes françaisesEdit

Dans les affaires étrangères, l’armée française a d’abord connu un certain succès. Elle a conquis les Pays-Bas autrichiens (à peu près la Belgique actuelle) et en a fait une autre province de la France. Elle a conquis la République néerlandaise (les Pays-Bas actuels), et en a fait un État fantoche. Elle prend le contrôle des régions allemandes situées sur la rive gauche du Rhin et met en place un régime fantoche. Elle conquiert la Suisse et la majeure partie de l’Italie, créant une série d’États fantoches. Le résultat est la gloire pour la France, et une injection d’argent bien nécessaire provenant des terres conquises, qui fournissent également un soutien direct à l’armée française. Cependant, les ennemis de la France, menés par la Grande-Bretagne et financés par l’inépuisable Trésor britannique, forment une deuxième coalition en 1799 (la Grande-Bretagne étant rejointe par la Russie, l’Empire ottoman et l’Autriche). Elle remporte une série de victoires qui font reculer les succès français, et l’armée française est prise au piège en Égypte. Napoléon lui-même se faufile à travers le blocus britannique en octobre 1799, retournant à Paris.

Napoléon conquiert la majeure partie de l’Italie au nom de la Révolution française en 1797-99. Il consolide les anciennes unités et divise les possessions de l’Autriche. Il met en place une série de nouvelles républiques, avec de nouveaux codes de loi et l’abolition des anciens privilèges féodaux. La République cisalpine de Napoléon était centrée sur Milan. La ville de Gênes devint une république tandis que son arrière-pays devint la République de Ligurie. La République romaine est formée à partir des possessions papales tandis que le pape lui-même est envoyé en France. La République napolitaine fut formée autour de Naples, mais elle ne dura que cinq mois avant que les forces ennemies de la Coalition ne la reprennent.

En 1805, il forma le Royaume d’Italie, avec lui-même comme roi et son beau-fils comme vice-roi. En outre, la France transforma les Pays-Bas en République batavienne, et la Suisse en République helvétique. Tous ces nouveaux pays étaient des satellites de la France et devaient verser d’importantes subventions à Paris, ainsi que fournir un soutien militaire pour les guerres de Napoléon. Leurs systèmes politiques et administratifs sont modernisés, le système métrique est introduit et les barrières commerciales sont réduites. Les ghettos juifs sont abolis. La Belgique et le Piémont deviennent parties intégrantes de la France.
Les nouvelles nations sont abolies et restituées à leurs propriétaires d’avant-guerre en 1814. Cependant, Artz insiste sur les avantages que les Italiens ont tiré de la Révolution française :

Pendant près de deux décennies, les Italiens ont eu les excellents codes de lois, un système équitable d’imposition, une meilleure situation économique, et plus de tolérance religieuse et intellectuelle qu’ils n’en avaient connu depuis des siècles….. Partout, les anciennes barrières physiques, économiques et intellectuelles avaient été jetées et les Italiens avaient commencé à prendre conscience d’une nationalité commune.

NationalismeEdit

Otto Dann et John Dinwiddy rapportent : « C’est depuis longtemps presque un truisme de l’histoire européenne que la Révolution française a donné un grand stimulus à la croissance du nationalisme moderne. » L’historien Carlton J.H. Hayes a souligné que le nationalisme était un résultat majeur de la Révolution française dans toute l’Europe. L’impact sur le nationalisme français a été profond. Napoléon est devenu un tel symbole héroïque de la nation que la gloire a été facilement reprise par son neveu, qui a été élu président à une écrasante majorité (et est devenu plus tard l’empereur Napoléon III). L’influence était grande dans les centaines de petits États allemands et ailleurs, où elle était soit inspirée par l’exemple français, soit en réaction contre lui.

BretagneEdit

Voir aussi : Controverse sur la Révolution, Aliens Act 1793, et procès pour trahison de 1794

Au début de la Révolution, la Grande-Bretagne soutient la monarchie constitutionnelle, jusqu’au régicide de Louis XVI. La majorité de l’establishment britannique était fortement opposée à la révolution. La Grande-Bretagne, guidée par Pitt le Jeune, a dirigé et financé la série de coalitions qui ont combattu la France de 1793 à 1815, et qui, avec la déposition de Napoléon Bonaparte, ont culminé avec la restauration (temporaire) des Bourbons. Edmund Burke a écrit Réflexions sur la révolution en France, un pamphlet remarquable pour sa défense du principe de la monarchie constitutionnelle ; les événements entourant la London Corresponding Society étaient un exemple de cette époque enfiévrée.

IrlandeEdit

En Irlande, l’effet a été de transformer ce qui avait été une tentative des colons protestants d’obtenir une certaine autonomie en un mouvement de masse dirigé par la Society of United Irishmen impliquant catholiques et protestants. Il a stimulé la demande de nouvelles réformes dans toute l’Irlande, en particulier en Ulster. Le résultat fut une révolte en 1798, menée par Wolfe Tone, qui fut écrasée par la Grande-Bretagne. Cette révolte est considérée comme le fondement du républicanisme irlandais moderne, qui a finalement conduit à la partition de l’Irlande et à l’indépendance de 26 de ses 32 comtés.

AllemagneEditer

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Article principal : Histoire de l’Allemagne § Révolution française 1789-1815

La réaction allemande à la Révolution oscille entre favorable au début et antagoniste. Elle a d’abord apporté des idées libérales et démocratiques, la fin des guildes, du servage et du ghetto juif. Elle a apporté des libertés économiques et des réformes agraires et juridiques. Les intellectuels allemands célèbrent cette explosion, espérant voir le triomphe de la Raison et des Lumières. Il y avait aussi des ennemis, car les cours royales de Vienne et de Berlin dénonçaient le renversement du roi et la menace de propagation des notions de liberté, d’égalité et de fraternité.

En 1793, l’exécution du roi de France et le début de la Terreur ont désillusionné le « Bildungsbürgertum » (classes moyennes éduquées). Selon les réformateurs, la solution était d’avoir foi en la capacité des Allemands à réformer leurs lois et leurs institutions de manière pacifique.

La Confédération du Rhin, composée d’États clients sous le contrôle de Napoléon, de 1806 à 1813 ; la plupart des États allemands en font partie, sauf la Prusse (au nord-est) et l’Autriche (au sud-est). Le texte de la carte est en allemand

Après l’humiliation de la Prusse par Napoléon, l’opinion s’est retournée contre la France et a stimulé et façonné le nationalisme allemand.

La France a pris le contrôle direct de la Rhénanie 1794-1814 et a libéralisé de façon radicale et permanente le gouvernement, la société et l’économie.

Les Français ont balayé des siècles de restrictions dépassées et ont introduit des niveaux d’efficacité sans précédent. Le chaos et les barrières d’un pays divisé et subdivisé entre de nombreuses petites principautés ont fait place à un système rationnel, simplifié et centralisé, contrôlé par Paris et dirigé par les proches de Napoléon. L’impact le plus important provient de l’abolition de tous les privilèges féodaux et des taxes historiques, de l’introduction des réformes juridiques du Code Napoléon et de la réorganisation des systèmes judiciaires et administratifs locaux. L’intégration économique de la Rhénanie à la France a accru la prospérité, notamment dans la production industrielle, tandis que le commerce s’est accéléré grâce à la nouvelle efficacité et à la diminution des barrières commerciales. Les Juifs sont libérés du ghetto. L’hostilité des fonctionnaires français à l’égard de l’Église catholique romaine, le choix de la plupart des résidents, constitue un point négatif. Une grande partie de l’Allemagne du Sud ressent une influence similaire mais plus modérée de la Révolution française, tandis qu’en Prusse et dans les régions de l’Est, l’impact est bien moindre. Les réformes sont permanentes. Des décennies plus tard, les ouvriers et les paysans de Rhénanie ont souvent fait appel au jacobinisme pour s’opposer aux programmes gouvernementaux impopulaires, tandis que l’intelligentsia a exigé le maintien du Code Napoléon (qui est resté en vigueur pendant un siècle).

PologneEdit

Article principal : Duché de Varsovie

Lorsque les Français ont envahi la Russie, la Prusse et l’Autriche, Napoléon a taillé un État polonais allié aux Français connu sous le nom de Duché de Varsovie, les Polonais avaient eu leur premier aperçu d’indépendance depuis 200 ans depuis les partitions de la Pologne par la Russie l’Autriche et la Prusse. Cela a également conduit à une augmentation du nationalisme polonais qui persistera tout au long du 19ème et 20ème siècle.

SuisseEdit

Article principal : République helvétique

Les Français envahissent la Suisse et en font un allié connu sous le nom de « République helvétique » (1798-1803). L’interférence avec le localisme et les libertés traditionnelles fut profondément ressentie, bien que certaines réformes modernisatrices aient eu lieu. La résistance est la plus forte dans les bastions catholiques traditionnels, et des soulèvements armés éclatent au printemps 1798 dans la partie centrale de la Suisse. Alois Von Reding, un puissant général suisse, dirige une armée de 10 000 hommes des cantons d’Uri, de Schwyz et de Nidwald contre les Français. Les Suisses reprennent ainsi le contrôle de Lucerne, mais en raison de l’ampleur de l’armée française, le mouvement de Von Reding est finalement réprimé. L’armée française a réprimé les soulèvements, mais le soutien aux idéaux révolutionnaires n’a cessé de diminuer, car les Suisses ont ressenti leur perte de la démocratie locale, les nouveaux impôts, la centralisation et l’hostilité à la religion.

L’instabilité de la France a entraîné la création de deux groupes révolutionnaires différents avec des idéologies de révolte différentes : Les aristocrates, cherchant la restauration de l’ancienne Confédération helvétique et une partie de la population souhaitant un coup d’état. En outre, la Suisse devient un champ de bataille entre les armées de la France, de l’Autriche et de la Russie. En fin de compte, cette instabilité, les fréquents coups d’État au sein du gouvernement et l’éventuel Bourla-papey ont forcé Napoléon à signer l’acte du Médaillon qui a conduit à la chute de la République helvétique et à la restauration de la Confédération.

L’impact à long terme de la Révolution française a été évalué par Martin :

Elle a proclamé l’égalité des citoyens devant la loi, l’égalité des langues, la liberté de pensée et de foi ; elle a créé une citoyenneté suisse, base de notre nationalité moderne, et la séparation des pouvoirs, dont l’ancien régime n’avait aucune conception ; elle a supprimé les tarifs intérieurs et autres restrictions économiques ; elle a unifié les poids et mesures, réformé le droit civil et pénal, autorisé les mariages mixtes (entre catholiques et protestants), supprimé la torture et amélioré la justice ; elle a développé l’enseignement et les travaux publics.

BelgiqueEdit

Article principal : La Belgique au long XIXe siècle § La domination française

Les Français envahissent le territoire de l’actuelle Belgique et le contrôlent entre 1794 et 1814. Les Français ont imposé des réformes et ont incorporé le territoire à la France. De nouveaux gouvernants sont envoyés par Paris. Les hommes belges sont enrôlés dans les guerres françaises et lourdement taxés. Presque tout le monde est catholique, mais l’Église est réprimée. La résistance est forte dans tous les secteurs, et le nationalisme belge émerge pour s’opposer à la domination française. Le système juridique français est toutefois adopté, avec l’égalité des droits et l’abolition des distinctions de classe. La Belgique dispose désormais d’une bureaucratie gouvernementale sélectionnée par le mérite.

Anvers retrouve un accès à la mer et se développe rapidement en tant que port et centre d’affaires majeur. La France a encouragé le commerce et le capitalisme, ouvrant la voie à l’ascension de la bourgeoisie et à la croissance rapide des industries manufacturières et minières. En économie, donc, la noblesse a décliné tandis que la classe moyenne entrepreneurs belges ont prospéré en raison de leur inclusion dans un grand marché, ouvrant la voie au rôle de leader de la Belgique après 1815 dans la révolution industrielle sur le continent.

Pays-BasEdit

Article principal : République batavienne

La France fait des Pays-Bas un État fantoche qui doit payer d’importantes indemnités.

Danemark et SuèdeEdit

Article principal : Histoire du Danemark § Réformes

Le royaume du Danemark adopte des réformes libéralisantes dans la lignée de celles de la Révolution française, sans contact direct. Les Danois étaient conscients des idées françaises et les approuvaient, car il passa de l’absolutisme danois à un système constitutionnel libéral entre 1750 et 1850. Le changement de gouvernement en 1784 est dû à une vacance du pouvoir créée par la maladie du roi Christian VII, et le pouvoir est passé au prince héritier (qui deviendra plus tard le roi Frederik VI) et aux propriétaires terriens réformateurs. Contrairement à la France de l’Ancien Régime, la réforme agricole a été intensifiée au Danemark, le servage a été aboli et les droits civils ont été étendus aux paysans, les finances de l’État danois étaient saines et il n’y a pas eu de crises externes ou internes. Autrement dit, la réforme est progressive et le régime lui-même procède à des réformes agraires qui ont pour effet d’affaiblir l’absolutisme en créant une classe de paysans libres indépendants. Une grande partie de l’initiative est venue de libéraux bien organisés qui ont dirigé le changement politique dans la première moitié du 19ème siècle.

En Suède, le roi Gustave III (règne 1771-92) était un despote éclairé, qui a affaibli la noblesse et promu de nombreuses réformes sociales majeures. Il pensait que la monarchie suédoise pouvait survivre et s’épanouir en réalisant une coalition avec les classes moyennes nouvellement apparues contre la noblesse. Proche du roi Louis XVI, il était dégoûté par le radicalisme français. Néanmoins, il décida de promouvoir des réformes antiféodales supplémentaires afin de renforcer sa position au sein des classes moyennes. Lorsque le roi est assassiné en 1792, son frère Charles devient régent, mais le pouvoir réel appartient à Gustaf Adolf Reuterholm, qui s’oppose amèrement à la Révolution française et à tous ses partisans. Sous le règne du roi Gustav IV Adolf, la Suède s’est jointe à diverses coalitions contre Napoléon, mais elle a été sévèrement battue et a perdu une grande partie de son territoire, notamment la Finlande et la Poméranie. Le roi est renversé par l’armée qui, en 1810, décide de faire de Bernadotte, l’un des maréchaux de Napoléon, l’héritier présomptif et le commandant de l’armée. Il avait un passé de jacobin et était bien ancré dans les principes révolutionnaires, mais il plaça la Suède dans la coalition qui s’opposait à Napoléon. Bernadotte a servi un roi assez conservateur, Charles XIV Jean de Suède (1818-44).

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