Ma vie d’hôtesse japonaise

Honnêtement, ce travail me laisse avec un nœud géant de sentiments tordus chaque nuit. Je pars au travail le soir et je termine quand le soleil s’est déjà levé. Je prends le train pour rentrer chez moi alors que la plupart des gens se dépêchent pour arriver à l’heure au travail. Le train peut être un endroit solitaire quand vous savez que vous faites exactement le contraire de tout le monde.

J’ai parlé à de nombreux amis de ce que je fais pour vivre. J’essaie de ne pas le dire aux personnes que je viens de rencontrer ou à celles dont je pense qu’elles ne comprendraient pas mon mode de vie. Lorsque vous rencontrez des gens pour la première fois au Japon, ils vous demandent souvent : « Que faites-vous dans la vie ? ». En général, je mens et je réponds : « Je suis en pleine recherche d’emploi en ce moment, alors j’essaie toutes sortes d’emplois à temps partiel. » Je me sens mal de mentir, mais le monde n’est toujours pas prêt à accepter les filles qui travaillent comme hôtesses.

Les clients sont aléatoires. Il y a des clients qui sont sincèrement juste seuls et qui veulent quelqu’un prêt à les écouter. Ils deviendront vos amis et ils vous respecteront. Mais il y a aussi des clients qui viennent, épuisés par l’alcool, l’épuisement et le stress, et qui cherchent à dire les choses les plus détestables à tous ceux qu’ils voient. Je ne pense pas pouvoir compter le nombre de fois où l’on m’a dit que j’étais laide ou que je devais changer tel ou tel aspect de mon apparence. C’est toujours déchirant de recevoir autant de commentaires désagréables. Ce n’est jamais facile. Je m’efforce de me rappeler que je suis digne et que je suis tellement plus que tout ce que ces clients me lancent à la figure. Je ne peux pas laisser ma valeur être liée à mon travail.

Les filles avec qui je travaille sont à la fois mes amies et mes concurrentes. Nous sommes en compétition pour voir qui peut obtenir le plus de clients, qui peut rafler le plus d’argent pour le bar. Il faut rester vigilant et alerte, car on ne sait jamais quand une autre fille va intervenir et essayer de voler un client. Pourtant, elles sont les seules à comprendre ce que nous vivons tous chaque nuit. Elles sont les seules à être disponibles pour sortir et boire à 5 heures du matin. Ces filles sont celles qui vous frottent doucement le dos et vous murmurent des mots d’encouragement à l’oreille alors que vous commencez lentement à vous écrouler sous le stress du travail, sous le stress des clients impolis. C’est toujours une tâche difficile d’équilibrer la compétitivité avec l’amour et les soins que nous partageons les uns pour les autres.

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