Lorsque la Première Dame Michelle Obama est montée sur scène lors de la première nuit de la Convention nationale démocrate, elle a parlé de ce que cela faisait d’être une femme noire se réveillant chaque matin à la Maison Blanche – un bâtiment construit avec le travail des esclaves. Ce fut un moment fort de son discours, rappelant les générations d’Afro-Américains réduits en esclavage dans ce pays. Jusqu’à il y a quelques décennies, on ne s’est guère soucié de savoir qui avait réellement posé les fondations et monté les murs de la Maison-Blanche. Mais la documentation existante aujourd’hui montre que bon nombre des bâtiments gouvernementaux les plus emblématiques de Washington, y compris la Maison Blanche, ont été construits par des esclaves.
En 2005, le Congrès a mis en place un groupe de travail pour faire la lumière sur le sujet. Après des mois de recherche, la commission a annoncé que si elle ne serait jamais en mesure de raconter toute l’histoire des esclaves qui ont construit ces bâtiments, il ne faisait aucun doute qu’ils étaient impliqués de manière complexe dans les travaux, a rapporté Alexander Lane pour PolitiFact.
« L’indifférence des historiens précédents, la mauvaise tenue des registres et le silence des classes sans voix ont entravé notre capacité, au XXIe siècle, à comprendre pleinement les contributions et les privations de ceux qui ont peiné pendant sept décennies, de la pose de la première pierre au jour de l’émancipation dans le district de Columbia », ont écrit l’historien du Sénat Richard Baker et le chef du bureau de l’histoire et de la préservation de la Chambre des représentants Kenneth Kato dans une préface au rapport.
D’un point de vue géographique uniquement, il ne devrait pas être surprenant que des travailleurs esclaves aient été utilisés pour construire la capitale de la nation. Washington, D.C., a été construite sur des terres cédées au gouvernement fédéral par la Virginie et le Maryland, et à l’époque, la région du Potomac abritait près de la moitié des 750 000 esclaves du pays, rapporte Lane.
Bien que la White House Historical Association rapporte que les commissaires de D.C. ont initialement essayé de faire venir des travailleurs bon marché d’Europe pour construire la nouvelle capitale, leurs efforts de recrutement ont échoué. Par conséquent, ils ont forcé les esclaves locaux à fournir la main-d’œuvre, louant souvent des travailleurs à leurs maîtres pour des périodes d’un an.
« Les esclaves étaient probablement impliqués dans tous les aspects de la construction, y compris la charpenterie, la maçonnerie, le charriage, le rafting, le plâtrage, le vitrage et la peinture, a rapporté le groupe de travail », écrit Lane. « Et les esclaves semblent avoir assumé seuls le travail éreintant de sciage des rondins et des pierres. »
En plus de construire les bâtiments, les esclaves travaillaient également dans les carrières d’où provenaient les pierres des bâtiments gouvernementaux. Ironiquement, la statue de la liberté qui trône au sommet du dôme du Capitole a été réalisée avec l’aide de Philip Reid, un homme réduit en esclavage par le sculpteur Thomas Crawford, qui avait été chargé de construire la statue. Selon l’architecte du Capitole, Reid était payé 1,25 dollar par jour par le gouvernement fédéral pour ses contributions.
« On ne peut pas dire combien d’histoires ont été perdues parce que, en tant que pays, nous n’avons pas accordé de valeur à ces histoires », déclare l’historien et journaliste Jesse J. Holland à Smithsonian.com. « Nous en apprenons toujours plus sur les présidents au fur et à mesure que nous avançons et nous en apprendrons aussi plus sur les personnes qui préparaient leurs repas et les habillaient. »