Demande à l’expert

31 janvier 2014

Inhibiteurs de l’ECA

Question

Doit-on systématiquement cesser les inhibiteurs de l’ECA chez une personne présentant une anaphylaxie alimentaire, médicamenteuse ou au venin ? Qu’en est-il des bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine (sartans) ?

Réponses

Du côté de la rédaction : Dans notre pratique clinique de l’allergie, il arrive souvent que nous rencontrions des patients qui prennent un inhibiteur de l’ECA ou un bloqueur des récepteurs de l’ECA. Certains de ces patients ont également eu une anaphylaxie à un aliment ou à un insecte piqueur ou souffrent d’une rhinite allergique sévère. Nous conseillons souvent à ces patients d’effectuer des tests cutanés pour déterminer la pertinence des substances inhalées, des aliments ou des insectes piqueurs. Et certains de ces patients auront besoin d’injections antiallergiques. Doit-on refuser de faire des tests, faire des tests mais refuser de donner des injections d’allergie, arrêter le médicament ou passer d’un inhibiteur de l’ECA à un bloqueur des récepteurs de l’ECA ? Nos experts, le Dr Mario Sánchez-Borges et le Dr Roland Solensky nous offrent des conseils pour parvenir à la meilleure décision clinique.

Par le Dr Mario Sánchez-Borges

Plus de 40 millions de personnes dans le monde reçoivent actuellement des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA). L’angioedème (AE) induit par ces médicaments se produit dans 0,1 à 0,7 % des cas, alors que dans nos cliniques d’allergologie, la prévalence est de 0,37 % de tous les patients qui consultent, avec environ 66 % de ceux qui présentent des épisodes mettant leur vie en danger. Cet effet indésirable est un effet de classe médicamenteuse commun à tous les IEC.

L’inhibition de l’IEC, la diminution du catabolisme de la bradykinine, la diminution de l’activité de l’aminopeptidase P et de la dipeptidyl peptidase P dans la voie de dégradation de la substance P, et un polymorphisme de XPNPEP2 (la variante -2399 A) ont été associés à la pathogenèse de l’EI induit par les IEC.

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Par le Dr Roland Solensky

La préoccupation liée à l’utilisation des IEC (et dans une moindre mesure, des bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine II) chez les patients allergiques aux aliments, aux médicaments ou au venin, est qu’ils peuvent interférer avec le mécanisme compensatoire endogène lors des réactions anaphylactiques, entraînant des symptômes plus sévères ou prolongés. (1) Les seules données publiées sur ce phénomène dans le contexte clinique concernent les patients allergiques au venin d’hyménoptères, et les études sont contradictoires. Une étude prospective sur l’immunothérapie au venin a révélé que les patients prenant des inhibiteurs de l’ECA présentaient un risque significativement accru d’anaphylaxie grave par rapport à ceux ne prenant pas d’inhibiteurs de l’ECA (odds ratio 2,27, p = 0,019). (2) Une étude de cohorte rétrospective n’a pas trouvé d’association entre l’utilisation d’inhibiteurs de l’ECA et les réactions anaphylactiques à l’immunothérapie au venin. (3) Il n’existe pas, à ma connaissance, de données cliniques évaluant l’utilisation d’inhibiteurs de l’ECA chez les patients souffrant d’une allergie alimentaire et d’une allergie médicamenteuse.

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