Civilisation béringienne

Le détroit de Béring, séparant la Sibérie de l’Alaska dans le Pacifique Nord.
Crédit photo : NASA , via Wikimedia Commons

Les humains pourraient avoir habité le pont terrestre de Béring pendant 10 000 ans.

Transcription

La civilisation perdue de Béringie. Je suis Bob Hirshon et c’est Science Update.

Il y a environ vingt mille ans, les humains ont atteint les Amériques depuis l’Asie en traversant la Béringie, un pont terrestre qui reliait autrefois la Russie et l’Alaska actuels. Mais selon le généticien anthropologue de l’Université de l’Utah, Dennis O’Rourke, la Béringie pourrait avoir été plus qu’une simple voie de passage.

Dans le dernier numéro de la revue Science, O’Rourke et ses collègues rassemblent des preuves récentes qui suggèrent que l’environnement principalement accidenté de la Béringie était plus diversifié qu’on ne le pensait, avec des zones d’arbustes, d’arbres et des climats étonnamment doux. L’équipe de O’Rourke soupçonne que des gens s’y sont installés pendant de longues périodes.

O’Rourke:
Ils n’ont pas couvert de vastes étendues du territoire, mais il s’agissait de sortes de petites zones écologiques isolées et très propices à l’habitation humaine.

Il dit que les preuves génétiques suggèrent que les gens sont restés en Béringie jusqu’à dix mille ans avant de se déplacer vers le sud. Je suis Bob Hirshon pour l’AAAS, la société des sciences.

Making Sense of the Research

Pendant la campagne présidentielle de 2008, la candidate républicaine à la vice-présidence et ancienne gouverneure de l’Alaska Sarah Palin a déclaré de façon célèbre : « Je peux voir la Russie depuis ma maison. » Elle faisait référence à la frontière nord-est de la Russie, qui se trouve de l’autre côté d’une étroite étendue d’eau appelée détroit de Béring, par rapport à la côte ouest de l’Alaska.

À son point le plus étroit, le détroit de Béring fait aujourd’hui un peu plus de 80 km de large. Cependant, au cours d’une période appelée « dernier maximum glaciaire » (le pic de ce qui est communément appelé la dernière période glaciaire), les masses terrestres de la Russie et des États-Unis actuels étaient reliées. En effet, le niveau de la mer était alors inférieur d’environ 400 pieds à celui d’aujourd’hui, car de grandes quantités d’eau de mer avaient gelé dans les glaciers qui se déplaçaient lentement sur la masse continentale nord-américaine. Par conséquent, certaines parties du plancher océanique actuel étaient des terres arides à l’époque.

La région qui reliait les deux continents, appelée Béringie, a émergé pour la dernière fois il y a plus de 20 000 ans et a disparu lorsque le niveau des mers a atteint son niveau actuel il y a environ 6 000 ans. À son apogée, elle pouvait atteindre une largeur de 1 000 miles (plus grande que la distance entre Portland, Oregon, et Los Angeles, Californie). À cette époque, les preuves génétiques, anthropoligiques et archéologiques nous indiquent que les humains ont traversé cette masse terrestre pour entrer dans les Amériques depuis l’Asie.

La question, cependant, était de savoir combien de temps ils restaient. Les preuves génétiques indiquent que le génome amérindien s’est isolé du génome asiatique il y a environ 25 000 ans, mais qu’il ne s’est pas répandu dans les Amériques avant 15 000 ans. Cependant, les archéologues n’ont trouvé aucune preuve de civilisation humaine dans les zones de la Béringie qui restent au-dessus de l’eau, et on pensait généralement que la région était trop aride et trop froide pour que les humains s’y installent.

Mais l’article d’O’Rourke, qui ne présente pas de nouvelles recherches mais synthétise les informations de plusieurs études récentes différentes, suggère que nous avons simplifié l’image de la Béringie. Il note que récemment, des preuves provenant des sédiments des fonds marins profonds autour de la Béringie ont permis de trouver des pollens d’arbres et d’arbustes. Cela suggère que les basses terres de la Béringie étaient peut-être plus accueillantes pour les plantes, les animaux de pâturage et donc les humains. D’autres preuves suggèrent que, bien que ces régions auraient été froides en hiver, elles auraient été beaucoup plus douces en été que ce que l’on pensait auparavant.

Tout cela rend plus plausible le fait que les humains se soient installés dans les basses terres parcellaires de Béringie pendant jusqu’à 10 000 ans, comme le suggèrent les preuves génétiques. Et comme ces basses terres sont maintenant sous l’eau, cela expliquerait pourquoi ces civilisations n’ont laissé aucune trace archéologique.

Essayez maintenant de répondre à ces questions :

1. Qu’est-ce que la Béringie ? Où est-elle ?
2. Que savons-nous de son rôle dans la migration des humains de l’Asie vers l’Amérique ?
3. Pensant à la durée du séjour des humains en Béringie, comment les preuves génétiques ont-elles apparemment contredit les preuves archéologiques ?
4. Quelles preuves O’Rourke présente-t-il qui pourraient résoudre cette contradiction ?

Pour aller plus loin

• Explorer l’histoire de l’humanité
• Apprendre à penser comme un archéologue
• Le pergélisol sibérien
• La maison longue viking
• Réveiller les plantes

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