Pour les personnes atteintes de misophonie, quelqu’un qui mange une salade ressemble à une vache qui mâche devant un micro. C’est frustrant, mais on pourrait avoir une bonne nouvelle : Des chercheurs néerlandais pensent avoir trouvé une solution. Il existe un traitement contre la misophonie !
La thérapie cognitivo-comportementale pourrait être la réponse pour les personnes qui ont de sérieux problèmes à gérer le bruit. Quand on vit avec la misophonie, l’homme dans le train respire avec plus de force qu’une moto. Il rend les situations inconfortables ou parfois même insupportables. Elle se transforme en colère, en dégoût, en anxiété et en évitement. Maintenant, The Journal of Affective Disorders a publié un essai où la thérapie cognitivo-comportementale pourrait être une solution sérieuse.
« Malgré le fardeau élevé de cette condition, à ce jour, il n’y a pas de traitement basé sur des preuves disponibles », a écrit le premier auteur Arjan Schröder dans le résumé. Schröder et une équipe de chercheurs néerlandais ont traité 90 patients avec une TCC pendant huit séances de groupe, une semaine sur deux, et ont constaté que la TCC était efficace pour la moitié des patients. Qui plus est, les patients qui présentaient des symptômes plus graves étaient plus susceptibles de répondre au traitement.
Traitement par exposition
Les chercheurs ont lancé ce projet car on ne savait presque rien de la misophonie, bien que les patients en souffrent considérablement. L’essai a utilisé un ensemble de questions d’entretien appelé l’échelle de misophonie d’Amsterdam selon des critères de diagnostic spécifiques et cinq symptômes.
À l’aide de webcams, 40 participants à travers le monde ont été traités à distance pendant 12 séances : six séances de thérapie d’exposition, et six séances de thérapie de gestion du stress. Selon le manuel de traitement, l’essai visait à apprendre aux participants à remarquer quelles pensées les faisaient se sentir plus mal, et comment gérer le stress plus efficacement.
« La valeur première de la TCC est qu’elle enseigne aux individus des méthodes d’adaptation », explique le professeur de psychologie Dean Fordham. « Il y a tellement de situations où les circonstances échappent à notre contrôle, et si l’on peut donner aux personnes souffrant de misophonie des stratégies spécifiques pour tolérer ces sons plus efficacement… alors elles feront des améliorations dans leur fonctionnement. »
Plusieurs stratégies utilisées dans l’essai ouvert – déplacement de l’attention, contre-conditionnement et techniques de relaxation – chevauchent d’autres approches pour traiter la misophonie. Rebecca Schneider, candidate au doctorat à l’Université du Colorado à Boulder, a mené une étude de cas en utilisant des stratégies connexes : la pleine conscience et la thérapie basée sur l’acceptation.
Lentement mais sûrement
Bruce Hubbard est le directeur du Cognitive Health Group à New York. Il croit que l’exposition fonctionne définitivement. Il laisse ses patients s’exposer progressivement à des sons déclencheurs avec YouTube. Il s’assure que le patient est détendu et commence à un volume très faible. L’essentiel est d’y aller doucement. « Si vous êtes désespéré pour que ça s’arrête, vous êtes allé trop loin. »
Un des patients de Hubbards avait une sérieuse aversion contre les gens qui mâchent du chewing-gum. C’était si grave qu’il devait quitter les réunions au travail. Hubbard a recommandé une « exposition consciente ». Il a laissé son patient commencer lentement à prendre des chances d’entendre de plus en plus souvent mâcher du chewing-gum. Il a donc pris le métro. Beaucoup.
Dès qu’il voyait quelqu’un mâcher du chewing-gum, il s’asseyait en face de cette personne au lieu de s’éloigner. « Il mettait un point d’honneur à pouvoir s’autoriser à rester là et à faire l’expérience mentale du déclencheur, le mâchage de chewing-gum. » Après beaucoup d’efforts, il s’est désensibilisé. « Il est arrivé à un point où il pouvait tout simplement l’oublier pendant un certain temps. »